dimanche 21 août 2011

Chez les Navajos

Je quitte à regret le Grand Canyon. L'endroit est vaste et nous n'avons fait que passer là où d'autres s'installent, font des promenades à vélo le long des précipices ou descendent même dans l'abîme à dos d'âne. Un spectacle de danses indiennes auquel nous prévoyions d'assister est annulé à la dernière minute. Nous avons noté la présence d'une gare ferroviaire dans l'enceinte même du parc, à deux pas de logements.

Voilà qui me dirait bien pour un futur séjour : train du Far West, puis séjour tranquille avec des expéditions en vélo et spectacles de danses. Peut-être quand Alexandra sera plus grande...

Direction nord-est. Nous avons réservé une nuit dans un hôtel nommé The View, dans la réserve Navajo. Il donne, selon la réclame, en plein sur les fameuses buttes qui surgissent du désert. Pas de risque d'avoir une chambre mal située, elles sont toutes construites sur le même côté de l'édifice, plein est.

La route défile sans intérêt particulier. Nous passons à proximité de villes aux noms évocateurs : Cameron, Tuba City, Kayenta... Enfin, à l'approche de l'Utah, d'étranges silhouettes se dessinent au loin.

Pas de doute, il doit s'agir des mesas si typiques de westerns de notre enfance et dont nous contemplons la masse lointaine pour la première fois.

Le chemin vers l'hôtel quitte la route principale pour s'aventurer en plein désert. Nous sommes au beau milieu d'un océan de poussière rouge qui, nous le verrons bien assez tôt, s'insinue partout et recouvrira la Dodge d'une tenace pellicule de saleté ocre.

Juste avant l'hôtel, nous devons acquitter le droit d'entrée dans la réserve. Je montre la réservation au Navajo qui garde la guérite pour savoir si le droit de passage n'était pas, par hasard, inclus dans le prix de la chambre. Peine perdue, l'homme me dit que l'hôtel étant privé, je dois bel et bien payer quinze dollars, comme à l'entrée du Grand Canyon. En revanche, le circuit en voiture dans ce paysage de rêve sera gratuit. J'empoche la monnaie et jette un oeil sur Alexandra, muette de stupéfaction (et peut-être de peur) d'avoir vu son premier vrai Indien, comme dans Yakari !

Je m'attendais à une sorte de résidence touristique sans âme, je me retrouve dans un accueil décoré avec goût et grand ouvert sur le désert et les mesas. Je pense aussitôt à l'hôtel Overlook de Shining, sauf qu'ici les Indiens ne sont pas sous terre mais aux commandes. Notre chambre, comme toutes les autres, possède un balcon où l'on profite d'une vue unique. Là bas, entre les pics rocheux, nous apercevons les véhicules qui reviennent de leur visite dans Monument Valley. Nous-mêmes ferons le tour le lendemain matin, après avoir contemplé le lever du jour. Nous nous dirigeons vers le restaurant, en priant le ciel que nous ne soyons pas une fois de plus contraints à un buffet pléthorique.

Vaine crainte, la formule à volonté n'est qu'une option, et bientôt nous commandons des plats typiques accompagnés de pain najavo. Le fry bread est en réalité une galette frite, servie toute chaude et plutôt bienvenue. Nous constatons que la mie a des reflets bleutés. Mon plat, une sorte de ragoût, est appréciable sans plus. L'affaire passerait mieux avec un verre de vin californien ou de bonne bière, mais tout alcool est banni du territoire Navajo. Nous voilà au régime forcé eau et jus de fruits.

La terrasse offre le spectacle du couchant sur le désert. Un écriteau prétend que le point de vue était celui que John Ford préférait. Réalité ou propagande ? Va savoir... Pour l'heure, entre chien et loup, je me remémore l'extraordinaire scène de Searchers (La prisonnière du désert) dans laquelle Aaron Edwards pressent la menace invisible des Comanches.

Nous mettons le réveil à 5h00, afin de ne rien rater du lever du jour sur Monument Valley.

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