samedi 24 septembre 2011

De Carmel à San Francisco

Nous allons visiter la cité voisine de Carmel. Le nom m’a abusé : je m’attendais à trouver là une bourgade de style mexicain avec ses maisons toutes blanches et son zócalo, comme l'on désigne là-bas les places des centres historiques. Non, Carmel-by-the-Sea n’a rien à voir. Nous découvrons une drôle de cité aux arbres exubérants et aux plages fréquentées par les vaches. Beaucoup de boutiques de luxe et de galeries d’art. Nous avons le sentiment d’un faste inouï qui nous met mal à l’aise, sans trop savoir pourquoi. Nous ne nous attardons pas.

Pour le soir nous décidons de suivre les conseils du guide – pas le Routard, mais ce que j’appelle le vrai guide. Lonely Planet, reconnaissons-le, a quand même une autre tenue. Il nous envoie au Montrio Bistrot de Monterey, restaurant hébergé par une ancienne caserne de pompiers. La salle a l’air chic et nous n’entrons qu’après hésitations. Heureuse idée, l'addition ne sera pas en définitive plus salée que d'habitude. Une fois encore nous constatons la joyeuse animation de l’endroit et surtout nous découvrons une vraie cuisine subtile et équilibrée, fort aimablement soulignée par un très noble verre de vin local. Après l’expérience du Pascucci à Santa Barbara, ce sera notre deuxième, et hélas ! dernière franche satisfaction gastronomique aux Etats-Unis.

Pour la fin du voyage nous voici à San Francisco. Vu le peu de temps à passer par ici nous allons droit au but. Direction Haight-Asbury, le quartier des hippies. Nous laissons donc la Jeep Patriot à l’ABC parking de Stanyan Street. Plus tard, revenu en France, je lirai sur sur Google Maps l’avis d’un anonyme sur cet endroit : « Do NOT go there Employees are insanes. Crazy chineese guy, wanted to damage my car. This is the worst parking ever. » On se croirait dans un film des frères Coen.

Nous devons à la vérité qu’il ne nous est rien arrivé de tel, plût au Ciel car nos bagages étaient restés dans la voiture. Même le tarif de stationnement « hors de prix » (dixit l’inénarrable GDR) se révèle deux fois moins élevé qu’à Paris. Nos premiers pas à San Francisco nous permettent de voir des individus étalés les bras en croix sur la pelouse du Golden Gate Park, sous l’emprise d’on n’ose imaginer quel facteur zen. D’autres poussent des caddies remplis d’objets hétéroclites, alors que de jeunes gens d’aspect masculin sont simplement revêtus de robes longues.

On voulait de l’Underground, eh bien voilà : nous avons de l’Underground.

Sur le chemin du restaurant Cha Cha Cha (le guide : « très bonne atmosphère, peut-être même la plus sympa du quartier ») je croise un magasin Amoeba Music où je complète ma collection avec le rare ballet Skycrapers de John Alden Carpenter, qui fut en son temps un rival de George Gershwin. Je trouve enfin un CD prometteur de l’immense Charles Ives avec la mythique 2e Symphonie trop peu connue de ce côté-ci de l’océan.

Si le Cha Cha Cha se révèle magnifiquement quelconque – réussir un bon ceviche n’est pas à la portée de n’importe qui, fût-il « le plus sympa du quartier » – ce n’est pas le cas avec la Haight Street que nous remontons à pied, avec ses boutiques de fumette et ses chalands bien peu conformistes. A chaque coin de rue je crois voir l’un des Fabuleux Freak Brothers. Nous tombons sur Loved to Death, une boutique de la mort. Pas d’appréhension du trépas ici, mais une collection d’objets morbides, bijoux, animaux empaillés et brochures funèbres. C’est un concept rencontrant un certain succès si j’en juge par l’affluence. Les sentinelles du lieu, malgré leur réelle et sépulcrale beauté, veillent à ce que vous ne preniez aucun cliché. Eros, Thanatos et pas de photos.

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