jeudi 1 septembre 2011

De Zion à Bryce

Nous avons choisi Kanab pour sa proximité avec des endroits remarquables. Ainsi pouvons-nous facilement nous rendre au parc national de Zion. Sion, la Jérusalem biblique, la rivière Virgin, les rochers des trois Patriarches rappellent, s’il en était besoin, que nous sommes bien chez les Mormons. La grande question demeure : après le Grand Canyon, allons-nous encore être surpris ? Voir des tas de pierres, après tout, quel intérêt ?

Nous laissons la voiture dans un parking à l’entrée du parc. La visite se fait en bus écologique. Le circuit dessert différentes étapes avec des promenades, des endroits pour se restaurer ou contempler la nature. Nous descendons au cœur du parc. La différence avec le Grand canyon est manifeste : ici à Zion, nous sommes dans le canyon, dont nous contemplons les murailles de part et d’autre. Nous voici donc au bas de toute chose, hôtes d’un monde secret où nous berce le chant bienfaisant d’une rivière. Nous la traversons avec un pont de cordes. D’inoffensifs geckos fuient à notre approche, alors que dans les bosquets luxuriants nous devinons la vigilance empressée d’écureuils insatiables. Partout, des pancartes invitent à ne pas les nourrir, ne serait-ce que pour éviter les morsures. Il nous paraît évident que l’endroit révèle sa splendeur aux promeneurs attentionnés et affranchis de l’impérieux devoir touristique de tout faire à marche forcée. Faire le Grand Canyon, faire Monument Valley, faire Zion dans l’attente de faire Bryce et la côte Ouest, très peu pour moi. Le simple fait d’être là est déjà en soi un incommensurable privilège dont je m’efforce de savourer la quintessence.

Aller à Bryce, pour quoi faire ? Nous avons vu le Grand Canyon depuis le haut, et celui de Zion depuis le bas. Que nous manque-t-il à présent ? Et puis, Bryce, est-ce une dénomination convenable pour un parc national, je vous le demande… Le Désert de la mort, voilà un nom comme il se doit, avec son cortège d’images d’os blanchis et de crânes cornus se décomposant au soleil. Mais quelle image s’impose à vous quand on parle du canyon de Bryce ? C’est bien simple : si l’on excepte éventuellement les portraits de Lalonde ou Hortefeux, aucune.

L’endroit, pour une fois, se visite en voiture. Pas de parking obligatoire ni de navette au gaz pour rallier les différentes haltes du circuit. Nous découvrons une verte vallée offerte jusqu’aux confins du monde. Si canyon il y a, il est si large que seule l’imagination peut se le figurer. Le parc national de Bryce propose une collection insolite de paysages variés, bois de conifères, océans de sable et nappes de rochers ocres. La grande curiosité demeure les hoodoos, curieuses cheminées de pierre engendrées par l’érosion et droites comme des alignements de points d’exclamation. A chaque arrêt, une nouvelle perspective vient enchérir sur l’impression précédente. Nous négligeons à regret les chemins de randonnées prometteurs mais trop exigeants pour les jambes fragiles de notre enfant.

L’endroit est différent de tout ce que nous avons déjà vu. Il tranche sur Zion par son amplitude. Peu de chance ici de se retrouver au même endroit que tous les autres promeneurs tant l’espace est ouvert. Bryce mérite bien plus qu’une journée, nous nous promettons de revenir lors d’un prochain voyage explorer vallées enchanteresses parsemées de cheminées de fées.

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