mercredi 3 août 2011

Le mythe Vegas bon marché

Je suis venu à Vegas avec l’idée que la ville n’était pas chère pour retenir les joueurs et les inciter à dépenser leurs économies dans les machines à sous plutôt que dans les à-côtés. Dans mon esprit, le séjour dans cette ville pour le non joueur s’annonçait comme une sorte de promenade béate où l’on s’offrirait des T bone steaks à trois dollars arrosés d’une Bud quasi offerte. J’ai toujours en mémoire un vieil article où Siné (peu enclin à l’indulgence avec les Ricains) s’extasiait de la générosité évidemment intéressée mais bien réelle des restaurateurs végasiens.

Hélas ! Quelques heures sur place suffirent à me déniaiser. Les restaurants sont aussi chers qu’à Paris – ce qui ne veut pas dire grand-chose je vous l’accorde, on trouve de tout à Paris – mais pour les steaks à 3 dollars, il faudra repasser. Le tarif affiche aisément dix fois plus. Et comme les boutiques ne s’annoncent pas non plus des championnes des économies en tout genre, on a vite fait de laisser ses bretelles à Vegas, sans même avoir tordu le bras à un bandit manchot… La bouffe pas franchement bon marché, les boutiques non plus, il reste l’électronique et le matériel photo-vidéo, réputé plus abordable aux USA que chez nous.

J’entre dans une boutique photo pour consulter le prix d’un objectif Pentax. Mes pauvres zooms premier prix auraient bien besoin d’un remplaçant. Pauvre de moi ! Aucun tarif n’est affiché et le vendeur entreprend de me cuisiner pour cerner mon besoin et mon budget. Il recherche dans une étagère un objectif Sigma 18 – 200 mm qu’il fixe sur mon boitier.

Quelle différence ! L’image est plus lumineuse que jamais et l’objet m’autorise à passer du grand angle au gros plan sans changer de focale. Le prix ? 700 dollars, m’annonce le vendeur. C’est beaucoup trop, et en l’absence de point de comparaison je ne m’engage pas sur ce tarif. 600 ! m’annonce-t-il fièrement, en ajoutant qu’en Europe jamais je n’aurais ce tarif-là. Je ne suis pas convaincu. Le patron s’approche alors et me glisse d’un air confidentiel « je peux le sacrifier à 550 dollars ». En trois minutes, et sans même négocier, l’article a perdu 150 dollars… Sans doute prennent-ils ma légitime réticence pour une tactique d’acheteur.

Décontenancé par cette surenchère dans la décroissance et soupçonnant quelque transaction douteuse, je prends sur moi de tourner les talons en proférant une vague promesse de revenir. Alors que la porte se referme sur mon départ précipité j’entends une dernière fois la voix du patron : 500 pour vous !

Sans connaissance aiguë des produits et des tarifs, pas moyen de faire affaire dans ce genre de boutique attrape-gogos. Car en réalité l’objectif Sigma, je devais le vérifier plus tard, se trouve chez nous aux alentours de 200 euros – un peu moins de 300 dollars, taxes incluses.

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