dimanche 7 août 2011

Kigman, route 66

La ville étape de Kingman est notre tout premier contact avec l’Amérique profonde. La tempête dissipée révèle les grands espaces entrevus depuis la voiture. Finis les gratte-ciel, la foule empressée, les attractions et les palaces. Nous passons sans transition du somptueux Mirage à une chambre simple, au premier étage d’une baraque sans fioritures. Deux lits, une télévision, internet gratuit, salle de bain et coin cuisine pour moins de 45 euros.

L'acteur Andy Devine, fils du pays, donne son nom à l'avenue où se trouve l'hôtel. "Obscur acteur de westerns de série B", affirme sans broncher le Guide du Routard. On trouve pourtant le nom d'A. Devine au générique de Stagecoach et The Man Who Shot Liberty Valance, deux grands classiques de John Ford.

De nouveau d’attaque, malgré l’hématome désormais installé dans toute la partie gauche du dos, je reprends le volant pour visiter le quartier. La petite ville est étendue, aucun édifice de grande taille ne vient gâcher la vue du désert alentour.

Je me rends compte que ce n’est pas du tout ce que j’imaginais. A mon insu, mon esprit avait construit l’image d’une sorte de ville de province française, avec des bâtiments en pierre, une place centrale avec son église, ses petits commerces. Je me retrouve dans un endroit placide et ample où villas et immeubles de bureau se partagent l’espace. Les rues sont rectilignes et se recoupent toutes à angle droit. De partout l’on distingue largement le ciel dans toutes les directions. Nous ne voyons pas grand monde.

Les commerces, pas très loin, ne sont accessibles que depuis l’autoroute. Voiture obligatoire. Nous visitons quelques magasins, étonnés par les prix. Tout est moins cher que chez nous. A la réflexion, je me dis que le tarif affiché correspond à peu de choses près aux prix français d’avant la hausse du passage à l’euro.

Dans le Walmart du coin, je me mets en quête d’une paire de chaussures. Le choix ne manque pas mais je ne suis pas séduit par des modèles criards et pseudo-technologiques qui semblent sortir de la série Goldorak. Mon choix se porte sur des chaussures sobres. Je ne connais pas l’équivalent de ma taille et les essaye au jugé. Par chance, elles me vont comme des chaussons, enveloppent agréablement mes pieds et se referment par un système Velcro tout simple que je n’avais encore jamais vu. Et tout cela pour moins d’une quinzaine d’euros… Un polo à 2 dollars complète mon panier.

Pour le souper, nous choisissons ce qui semble être un simple diner mais qui s’avère être un buffet populaire. Après les excès de Las Vegas, ce n’est pas ce que nous recherchions. Tant pis ! Nous payons le droit d’entrée et nous installons en salle.

Dorénavant, toute la nourriture disponible est offerte à volonté. Et ce n’est pas ce qui manque : légumes, poisson, poulet, viandes rôties, soupes, pâtes, pizzas, tourtes, desserts et fruits frais s’alignent généreusement le long de présentoirs. Nous restons raisonnables et privilégions la dégustation par échantillonnage. Dommage que la viande soit si sucrée, mais la qualité générale est plutôt recommandable. Je commande un plat de crevettes à la cajun, agréable sans être exceptionnel. Je constate que les autres convives, visiblement des habitués, ne sont pas les obèses que j’imaginais trouver dans un tel lieu. Il y a des personnes grosses, bien sûr, mais je ne saurais dire si j’en vois plus ici qu’en France. La plupart des gens sont même plutôt minces à mon étonnement.

Kingman cultive le souvenir de la Route 66 qui traverse la ville. Nous visitons un musée consacré à « la mère de toutes les routes » qui permit jadis de relier l’Est et l’Ouest. L’endroit reconstitue avec imagination des scènes typiques des grandes époques de la 66 : au temps des pionniers, de la Dépression ou de l’après-guerre triomphant. Un endroit ludique et accueillant, simple et belle invitation au partage, avec une pointe de nostalgie.


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