dimanche 4 septembre 2011

Hollywood

Nous faisons quelques pas dans le quartier. J’ignore pourquoi en Amérique l’éclairage public paraît faiblard, toujours est-il que la pénombre de cette ville inconnue ne nous incite pas à nous éloigner de l’hôtel. Une petite place à deux pas de là offre quelques restaurants rapides de cuisine exotique. Je note la présence sur le parking d’un cabriolet occupé par une caricature de Marylin Monroe dans Sept ans de réflexion : même « Subway dress » blanche plissée, mais la plastique de Lova Moor. Étrange mariage entre le sexy chic et le vulgaire… Dans le fast food thaï que nous choisissons, nous trouvons une créature au maquillage outrancier juchée sur des talons démesurés. Mais ce n’est pas un travesti, simplement une habitante du coin qui se promène ainsi, de la façon la plus naturelle qui soit. Pour la première fois, j’ai l’impression de voir une femme déguisée en drag queen. Il faut se rendre à l’évidence : nous ne sommes plus chez les Mormons.

La cuisine est plutôt savoureuse quoi que trop copieuse, comme d’habitude. Je note que tous les convives possèdent un ordinateur portable et qu’ils l’utilisent couramment à table. Los Angeles offre toutes les apparences d’une cité branchée. Ce n’est certes pas une surprise.

Au petit matin, nous rejoignons Hollywood Boulevard à pied. Depuis le Comfort Inn, c’est l’affaire de dix minutes. Contrairement à ce que nous imaginions, le trottoir n’est pas décoré par les traces de mains des célébrités, mais par des étoiles. Chaque étoile est associée à une vedette du cinéma, de la musique, de la radio, de la télévision ou du théâtre. Voilà donc le Walk of Fame si renommé. Quelques noms sont connus, pour le reste, il faudrait chercher dans les encyclopédies. Par un curieux hasard, nous trouvons l'étoile de Broderick Crawford, nous faisant ressouvenir du déjà lointain séjour à Kanab. Nous commençons à photographier quelques étoiles mais la tâche s’avère rapidement inutile (elles sont toutes identiques au symbole et au nom près) et fastidieuse (plusieurs milliers d’étoiles).

Nous voici enfin devant le Grauman's Chinese Theatre. Il s’agit d’un cinéma décoré à la façon chinoise. Sur son esplanade se trouvent les traces tant convoitées. Je suis surpris de ne ressentir aucune émotion. Je ne vois là que de minuscules empreintes dans le béton, sans charme particulier, et cela m’agace de voir se côtoyer légendes du 7e art et phénomènes de mode. Comment a-t-on pu faire voisiner l’immense Cary Grant et les pénibles personnages de Star Wars, comme s’il s’agissait de véritables acteurs, et comme si La guerre des étoiles était un authentique chef d’œuvre ? Que fait le génial Groucho Marx sur le même plan – c’est le cas de le dire – que Daniel Ratcliffe ? Je navigue entre les déconvenues. Je trouve Steven Spielberg, mais pas Orson Welles, Woody Allen ou Milos Forman… et pour cause, ils n’y sont pas. L’esplanade est envahie de touristes excités qui, c’est un comble, piétinent allègrement les témoignages imprimés dans le sol en s’interpellant les uns les autres.

Fuyons. Mini appareil photo discrètement calé au creux de la paume, je m’approche d’une doublure de Catwoman pour faire quelques clichés de la sculpturale créature. Mais je tombe sur plus fort que moi. La fausse actrice tend un doigt vers mon objectif qu’elle a aussitôt repéré et me fait explicitement comprendre qu’elle ne tolère aucune photo. A sa véhémence elle croit bon, en me tournant ostensiblement le dos (qu’elle a pulpeux), d’ajouter un geste injurieux. Pourtant, c’est bien connu, « l’insulte ne déshonore que son auteur ». J’en déduis que Catwoman n’a pas lu Confucius.

Notre premier contact avec Hollywood a tout de la douche froide. Pas question de rester sur une impression défavorable, nous prenons place dans un mini-bus pour visiter les beaux quartiers avec les villas des stars. Beverly Hills, nous voilà !

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