samedi 24 septembre 2011

Monterey

La cité de Monterey évoque l’image de San Francisco telle que nous nous l’imaginons, avant même d’y mettre les pieds. C’est une vraie ville de la côte, aux maisons de palissades et bâtisses de marins, à laquelle les nuées d’oiseaux de mer ajoutent une touche très hitchcockienne.

Nous dînons à l’International Cuisine. Le restaurant se trouve en fait dans la ville frontalière nommée Pacific Grove, mais l’on passe de l’une à l’autre sans s’en rendre compte. Les virtuoses du GPS prendront soin à bien vérifier les adresses, les deux villes partageant les mêmes noms de rues, sans qu’elles ne soient dans la continuité les unes des autres. Ainsi la Lighthouse Avenue de Pacific Grove se transforme en Hawthorne Street dans Monterey, alors que la Lighthouse Avenue de cette dernière localité devient Central Avenue à Pacific Grove.

La salle est bondée et, comme souvent en Amérique, très bruyante. Les gens discutent à voix haute sans observer la discrétion toute française consistant à ne pas embêter les voisins avec des chroniques personnelles plus ou moins avouables. Enfin, c’était plutôt vrai avant l’invention du portable.

La carte propose quelques spécialités du Levant, les propriétaires étant d’origine jordanienne. Plats sans surprise cependant, avec une exception de taille pour Alexandra qui se voit servir une pizza géante familiale devant les yeux éberlués des tables voisines. Une erreur dans la prise de commande ? Peu importe, la serveuse nous offre le tarif Enfants. Nous repartirons avec le plat à peine entamé dans un carton.

Nous sommes les premiers le matin suivant à nous présenter devant l’un des plus grands aquariums du monde, anxieux de savoir si nous serons confrontés à cette affluence gigantesque de certains jours d’été, comme l’annonce le guide. Mais non, en deux minutes nous achetons les tickets et déambulons carte en main dans un Monterey Bay Aquarium inondé de lumière naturelle. L’endroit est très grand, apparemment sain – pour avoir visité des aquariums où les poissons flottaient le ventre à l’air, la précision n’est pas inutile – ludique et instructif à la fois.

Nous assistons au repas des manchots, avec leur façon impayable de faire la queue devant la vétérinaire qui les nourrit à tout de rôle. D’autres aquariums gigantesques présentent les kelps, ces immenses algues du littoral, et leur faune bigarrée. Ces bassins sont construits en hauteur et peuvent être étudiés depuis différents niveaux.

L’aquarium possède une terrasse ouverte sur l’ample baie de Monterey, avec son canyon immergé. Nous faisons quelques pas au dehors pour humer les embruns de la pleine mer. Le moment le plus extraordinaire est offert par l’immense écran, plus large que celui du plus prestigieux cinéma que j’aie jamais visité, constitué par une vitre ouverte sur des flots insondables. La salle est conçue comme un vaste amphithéâtre où l’on s’installe confortablement, les yeux grands ouverts sur les mille merveilles océanes. Nous découvrons des myriades de petits poissons argentés dessinant sur le champ des figures fantastiques. De la vraie 3D, sans lunettes ni effets spéciaux.

Soudain, un poisson-lune se glisse de l’autre côté de la vitre et approche son œil gigantesque des spectateurs, examinant avec grand soin ces bipèdes incongrus. Chacun s’assied pour assister au repas des poissons. Dans l’aquarium, un homme-grenouille a fait son apparition. Sa combinaison est recouverte de cottes de mailles, accoutrement compréhensible quand on côtoie, sac de victuailles en main, requins marteaux et autres barracudas. Nous assistons à la curée. Chaque espèce de poisson a sa méthode et sa zone privilégiée. Certains se bousculent vers la surface, d’autres attendent entre deux eaux que les morceaux épargnés tombent jusqu’à eux. Et parfois, un barracuda se précipite dans le nuage de poissons qui éclate en une étoile argentée, pour parfois ressortir avec une victime encore frétillante entre les mâchoires. Nous n'échappons pas aux cris outragé de midinettes révoltées par tant d’atroce réalité. Sans doute s'imaginaient-elles que les barracudas mangent des lasagnes et des pizzas, comme le chat Garfield ?

Cette visite d’exception est une étape de choix le long de la côte Ouest. Divertissante et idéalement pensée pour les enfants.

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