jeudi 15 septembre 2011

Santa Barbara

Contrairement à sa réputation bétassonne, héritée de l’interminable soap opera homonyme de la Une, Santa Barbara est une très jolie ville. Nous apprécions qu’elle soit à la fois cité balnéaire et métropole vivante, avec sa grande avenue animée qui part en droite ligne de l’océan. Son front de mer, agrémenté de palmiers, héberge une plage étendue, mais presque déserte. Il faut dire que le Pacifique est froid à cet endroit. A vue de pied, malgré le soleil de juillet en plein zénith, on ne doit pas être loin des 15 degrés. On comprend mieux pourquoi les rares plagistes restent prudemment sur le sable.

Nous nous cassons la tête pour trouver un endroit où laisser la Jeep. Le stationnement est régi par des règles qui nous posent problème. Tel panneau dit que le stationnement est autorisé ici le vendredi de telle heure à telle heure. Bien, mais si l’on n’est pas vendredi, faut-il comprendre qu’il est autorisé sans limite horaire ? Ou au contraire qu’il est interdit de stationner ? Les deux hypothèses nous paraissent également valables, bien qu’elles signifient exactement l’inverse l’une de l’autre. Les voitures déjà garées sont celles de riverains munis de passe-droits, et ne nous aident pas. Finalement je choisis une rue un peu à l’écart, avec une indication de stationnement sans ambiguïté : nous disposons d’une grosse heure pour déjeuner.

Un peu sceptiques, nous décidons de suivre les conseils du Routard et nous installons au Pascucci. Le restaurant de style italien se révèle, ma foi, une excellente surprise. Pour la première fois de notre voyage nous dégustons une cuisine fine, préparée avec goût et sans cette graisse sucrée qui envahit l’ordinaire de nos repas. L’addition n’est pas plus chère qu’ailleurs. Les papilles enchantées, nous nous promenons un peu dans la cité où l’on est en train de monter des estrades pour un festival de musique. Voilà un endroit qui mériterait plus qu’une poignée d’heures. Nous nous verrions bien louer l’un de ces énormes vélos familiaux pour profiter davantage des concerts et du front de mer, parmi les skateurs survitaminés et autres rolleuses en bikini. Mais quel dommage que l’eau soit si froide…

En route ! Pour cette partie du séjour, nous avons préféré ne pas réserver d’hôtel. Nous voulions laisser une chance à l’imprévu. Après tout la route vers San Francisco recèle bien quelques merveilles où nous pourrions passer la nuit. Allons à Los Alamos, par exemple. Patelin « minuscule mais d’une certaine manière incontournable », dit notre guide dans son style inimitable. Sans doute insensibles à cette « certaine manière », nous ne trouvons à l’endroit dit qu’une insipide réplique des bourgades de l’Arizona et cherchons en vain une raison de s’exalter. Sommes-nous blasés ? Peut-être aurions-nous été séduits, en commençant notre circuit par ici, au lieu de le terminer après avoir vu Seligman et Kanab… Pour ne pas être venus pour rien, nous faisons le plein. Curieusement, je retrouve quelques Français à la caisse. Ils sont tous rendus ici, je me le figure assez bien, par la grâce concentrique des bons tuyaux du Routard.

Le chemin rejoint la mer. La côte, aux rochers battus par de grosses vagues, nous paraît plutôt évoquer l’Irlande que la Californie. Nous faisons des arrêts pour profiter de ce panorama inattendu, rendu encore plus bizarre par la couche de brouillard dense que nous voyons émerger du Pacifique. Je m’étais souvent demandé comment les amateurs de cyclisme locaux pouvaient pratiquer leur sport sous le climat d’une contrée « chaude comme un four ». Je crois comprendre que la chaleur n’est pas ici un phénomène impérieux. Nous assistons en ce moment même au début d’un très long crépuscule préludé par le brouillard maritime qui envahit insensiblement le continent. Bientôt, je dois allumer les feux.

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