mercredi 31 août 2011

En passant par Page

Le chemin vers Kanab nous rapproche pas à pas des merveilles de la civilisation. Bientôt, affiches publicitaires et annonces de fast food accompagnent notre route. A l’approche du Lake Powell nous faisons le point sur les curiosités de la région, quand une pluie épaisse vient refroidir nos projets. Dans ces conditions il faudra oublier la trempette dans le lac et la visite d’Antelope Canyon, intrigante fissure dans la roche aux jeux de lumières déconcertants, dit-on, mais terriblement dangereuse quand il pleut.

Nous demandons au GPS de nous guider vers l’un des seuls restaurants recommandés par le Routard. La prosaïque ville de Page s’avère dénuée du moindre charme. Nous croisons quelques expéditions de touristes ridiculement juchés sur des camionnettes aménagées mais sans véritable toit. De ce fait, ils sont trempés jusqu’aux os. Je ne me vois décidément pas parmi ces pauvres gens ayant payé pour se faire ainsi exhiber à travers la ville, chemisettes grassement collées au corps et sac plastique sur la tête, tout dégoulinants de flotte… Je me sens aussi gêné qu’eux. Le tourisme organisé en Arizona n’est décidément pas fait pour les jours de pluie.

Nous faisons plusieurs fois le tour du pâté de maisons pour trouver une place à proximité du restaurant Fiesta Mexicana. Quand je descends de l’auto, je constate que les caniveaux sont parcourus d’un flux impétueux et sale, et nous devons faire de grandes enjambées pour ne pas nous trouver à notre tour détrempés.

Heureuse surprise, le restaurant mexicain n’est pas l’endroit toc décrit par le Routard. Le décor est kitsch mais ne fait que reprendre une esthétique courante chez le voisin du sud, comme devrait le savoir tout guide touristique digne de ce nom. La cuisine est savoureuse, le service impeccable assuré par d’authentiques Latinos avec lesquels j’échange quelques phrases, pour changer de mon anglais un peu trop laborieux.

Nous reprenons la route alors que le ciel retrouve en quelques minutes une teinte azurée. Le soleil de la Sun Belt aura tôt fait d’assécher les vestiges de l’averse monumentale. Nous profitons, en quittant Page, d’un arrêt à une station essence (dont la gérante parle un français émaillé de r délicieusement grasseyés) pour visiter une zone résidentielle construite sur une pente douce inclinée vers le lac. Le quartier est souverainement placide avec ses larges allées et ses villas couleur crème sagement alignées. Chacune possède son double emplacement pour voiture et bateau. Nous étions habitués aux autos spacieuses, nous découvrons les cabin cruisers effilés et équipés de moteurs monstrueux. La plaisance sur le Lac Powell est visiblement affaire de puissance et de vitesse ! Dire que j’imaginais trouver là les inoffensives coques de bois de nos latitudes… Je ne parviens pas à me faire à l’idée qu’ici, l’échelle n’est simplement pas la même.

Direction Kanab, Zion, Bryce, autant de noms qui n’évoquent rien du Far West aux novices que nous sommes. Nous passerons pourtant là-bas les journées les plus typiquement américaines de notre séjour.

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