jeudi 4 août 2011

On the road

Je découvre tout : la signalisation, la façon de conduire des autres, le véhicule lui-même dont je dois apprendre à maîtriser les fringants chevaux. L’adaptation est facile. Je constate que la voiture qui me succède observe un écart confortable et ne risque pas de me percuter en cas de pépin. Je maintiens une généreuse distance de sécurité avec le véhicule que je suis.

Chose inimaginable en France, personne ne vient s’approcher exagérément de mon pare-choc arrière pour me convaincre d’accélérer ou de lui laisser le passage, quand bien même ma vitesse serait au maximum de ce que permet la signalisation.

En vérité jamais je n’aurai à faire ce triste constat au fil des 20 jours de conduite ininterrompue du séjour. Aucun conducteur n’est apparu pour m’invectiver parce que j’avais l’idée saugrenue de respecter les limitations de vitesse. Nul imbécile motorisé n’a entrepris de me terrifier par une queue de poisson pour assouvir je ne sais quelle frustration. J’ai ralenti à l’approche des villages sans que personne ne m’en fasse grief ni ne se venge d’avoir eu sa moyenne cassée en me doublant rageusement à la première occasion.

Je précise à l’usage des novices que ces considérations qui respirent l’évidence et la courtoisie ne sont pas la norme en France, ni même en Europe, Allemagne peut-être exceptée. Il suffit de voir avec quel culot nos automobilistes vomissent la présence des radars...

Je ne pense nullement qu’un prétendu caractère latin excuse un tel comportement. L’argument me paraît imbibé des plus communs préjugés. Après tout, ne suis-je pas aussi latin que mes compatriotes et outragé par leur comportement sur le bitume ?

Je ne crois pas une seconde que les Américains soient plus intelligents que nous, si une telle hypothèse avait du sens. J’ai le sentiment que le respect des lois est dû à la conscience nette d’une autorité peu encline à l’indulgence. Je ne donne pas cher du petit rigolo qui se ferait chiper à faire des arabesques avec son 4x4 sur une autoroute de l’Utah. Attitude à comparer à celle de nos braves pandores qui observent sans broncher les usagers excéder les limites dans une mesure parfois confortable. Chez nous, la limitation de vitesse est davantage un conseil, un vague point de repère que chacun interprète selon son humeur, un aimable jalon au même titre que les pancartes publicitaires de nos arrêts de bus ou les figurines de Mickey aux abords de Marne la Vallée.

Dès le premier carrefour, le ton est donné. « RIGHT LANE MUST TURN RIGHT », dit la pancarte. Le verbe must est écrit en caractères plus gros que le reste de la phrase.

Imaginerait-on en France le simple panneau « LES VEHICULES SUR LA FILE DE DROITE DOIVENT TOURNER A DROITE » ? Impensable sous peine d’accusation probable de fascisme larvé. Nous ne sommes même pas capables d’afficher dans l’autobus la simple et évidente obligation de valider son ticket : voir le désolant et désopilant « dans le bus, je valibus » qui ornait il n’y a pas si longtemps l’intérieur de nos transports en commun franciliens, devise obtuse si l’en est. J’ai vu des touristes allemands fiévreusement chercher dans leur lexique le chimérique verbe « valibusser ».

Quant à l’obligation de tourner à droite quand la signalisation y contraint l’usager, elle fera bien rire les automobilistes français qui n’utilisent de telles files en général que pour tracer droit et dépasser les traînards dans mon genre, placés au bon endroit et béatement respectueux d’un truc ringard nommé code de la route.

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