samedi 14 septembre 2013

4. Snow Canyon

Jenny's Canyon

C'est à Snow Canyon, à quelques minutes en auto de Saint George, que nous ferons nos premières randonnées. L'endroit est un parc. Le terme prête à confusion : à côté, le Parc Monceau a tout du jardin d'enfants ; ce n'est pas davantage un parc de loisirs aux attractions tonitruantes. Bien au contraire, il s'agit là d'un spacieux territoire à la nature jalousement protégée.

Son entrée est signalée par une guérite. Nous y stoppons pour nous acquitter du droit d'entrée, mais la cabane est vide. Nul ranger à l'horizon. Peu importe, les instructions sont claires : en l'absence du garde, marquer date et immatriculation sur une enveloppe, y glisser six dollars, l'enveloppe va dans l'urne prévue à cet effet et go ! La voie est libre.

Comme on le voit, rien n'oblige réellement à payer. Nous aurons plusieurs occasions de voir ce système fondé sur la confiance ; et l'on ne peut s'empêcher de se demander pourquoi ce qui fonctionne si bien ici poserait tant de problèmes en France.


Début du sentier

Dans le parc, plusieurs chemins de randonnée s'offrent aux visiteurs. Chacun porte sa fiche signalétique, avec son appellation, sa difficulté et d'éventuelles mises en garde. Pour étrenner notre expérience, nous nous arrêtons à Jenny's Canyon. "Promenade facile", avions-nous noté. C'est vrai. Le terrain est plat, balisé, agréable. Nous voici déambulant dans une immensité débarrassée de nos encombrants semblables, renouant avec la nature sans bornes devant laquelle l'homme a su s'effacer avec tant d'intelligence. La chaleur est vive mais pas insupportable, du moins pour une marche assez brève. Le sentier rocailleux mais praticable mène à une faille dans la roche - le canyon de Jenny proprement dit - dans laquelle on peut encore marcher quelque temps, jusqu'à ce que les parois se rejoignent.

La merveilleuse impression laissée par ce baptême - même si, à la déception d'Alexandra, nous n'avons croisé ni scorpion ni serpent à sonnettes - nous rassure. Dès le lendemain, nous nous attaquons à plus exigeant. Nous quittons donc assez tôt l'Ambassador Inn, notre hôtel propret et honnête d'une nuit, pour rejoindre Snow Canyon.

Lava Flow Overlook


Notre choix s'est porté cette fois-ci sur le Lava Flow Overlook, randonnée plus ardue parmi des massifs de lave. Bizarrement, certains se prolongent sous terre en ayant façonné de véritables galeries qu'il est possible d'explorer. Mais pas question de s'y engager : l'endroit relève plus de la spéléologie qu'autre chose ! Il faut être équipé en conséquence, avec lampes frontales et outils, et surtout ne pas se blesser car nul ne viendrait à votre secours... Le portable ne passe évidemment pas à travers le sol. Nous restons donc en surface. Même là, la progression devient exigeante, entre roches acérées et dénivelés. Mais quel spectacle ! A notre droite défile une montagne imposante traversée de haut en bas par une faille gigantesque ; loin devant nous des strates de couleurs courent le long d'un massif grandiose. Nous devons nous faire à l'idée que nous parcourons en personne ces paysages de westerns tant de fois admirés depuis notre enfance. Et quelle sérénité souveraine dans ce lieu oublié par les touristes...


Entrée d'un tunnel de lave


Sur le Lava Flow Overlook


Cette fois-ci j'ai placé dans mon sac à dos une poche d'eau pour supporter la déshydratation. Je me sens un peu ridicule de suçoter dans un tuyau pour m'abreuver en cheminant ; mais quelle importance ? Il n'y a personne et, de toute façon, comme nous nous en rendrions compte assez rapidement, dans ce pays le mot "ridicule" n'a pas cours. N'est-ce pas aussi cela, la liberté ?

Le long du sentier




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